3 Questions à poser avant une discussion sur l'avortement
19 mai 2020
Dr. Laura Lewis
Comment aborder et discuter de l'avortement, un sujet si brûlant et si polarisant ?
Avant de se lancer dans une discussion sur l'avortement, il est préférable de faire une pause et de se poser quelques questions. Ces questions peuvent nous sensibiliser et nous aider à aborder la conversation avec une plus grande compréhension.
- Avez-vous une expérience personnelle de l'avortement ?
Qu'il s'agisse d'une amie, d'une mère, d'une sœur, d'une épouse ou de vous-même, chaque année au Canada, environ 100 000 avortements sont pratiqués, et des études indiquent qu'une femme sur quatre aura subi un avortement avant l'âge de 45 ans. Ces statistiques montrent que l'avortement a eu un impact sur beaucoup d'entre nous.
D'une certaine manière, nous avons tous notre propre expérience de l'avortement. Mais cette expérience est très variable, allant du soulagement à l'indifférence, en passant par une incroyable dévastation. Nous devons veiller à ne pas supposer que nous connaissons l'impact que l'avortement a pu avoir sur quelqu'un d'autre - au lieu de cela, nous pouvons être conscients et comprendre que chaque expérience est différente.
- Que pensez-vous de la protection juridique de l'enfant à naître ?
Nous avons des opinions divergentes sur les droits. Qu'il s'agisse du droit à l'avortement ou de la nécessité de protéger la vie d'un bébé en développement, les points de vue concernant l'équilibre de ces droits varient d'une personne à l'autre. À l'heure actuelle, au Canada, il n'existe aucune protection juridique pour le bébé dans le ventre de sa mère, et cette protection ne commence qu'à la naissance du bébé. Pour beaucoup, ce déséquilibre dans la protection juridique est une grave préoccupation. Pour d'autres, la simple mention d'une discussion juridique provoque la colère.
À quoi cela ressemble-t-il de faire de la place pour une conversation respectueuse à ce sujet ? Pour commencer, sommes-nous prêts à considérer que ceux qui ont des opinions opposées pensent qu'ils font ce qu'il faut en prenant la position qu'ils prennent ?
- Quelle est votre vision idéologique du monde ?
Nous en avons tous une ; c'est notre façon de voir et d'interpréter le monde, ce que nous croyons être juste. Que nous soyons croyants ou non, notre vision du monde influe sur nos hypothèses, nos motivations et nos croyances. Nombreux sont ceux qui pensent que la vie commence dès la conception, un point de vue que je partage. D'autres pensent que la vie commence lorsque l'œuf fécondé s'implante dans la paroi utérine. D'autres encore ne croient pas du tout à la pertinence de ces délais ; ils se concentrent sur le désir de la mère de mener sa grossesse à terme.
Vivre dans un monde aux croyances diverses requiert la volonté d'écouter les autres et de respecter le fait que leur parcours peut être différent du nôtre. Sommes-nous capables d'accueillir les autres même si nous ne sommes pas d'accord ?
Il est essentiel de réfléchir à ces questions. Si nous ne sommes pas capables de reconnaître et d'articuler le fait que chacun d'entre nous entre dans cet espace stimulant avec ses propres expériences et préjugés, nous aurons beaucoup de mal à ouvrir un dialogue respectueux. Sans cette prise de conscience, nous risquons davantage de nous braquer et de nous positionner pour défendre notre position - réagir et protéger - une position par défaut courante du comportement humain.
Notre intention est-elle de "gagner" la conversation ou de construire un pont pour combler le fossé qui nous sépare ?
Plutôt que de s'affronter, il est préférable de créer un espace de dialogue respectueux.
Construire des ponts ne signifie pas faire des compromis sur les valeurs. Il s'agit de faire preuve de respect et d'amour et de trouver des moyens de faire de la place à d'autres personnes qui ne partagent peut-être pas nos opinions. Ce faisant, nous reflétons le cœur de l'Évangile.
L'amour ne bloque pas les cornes. L'amour ouvre des portes, fait de la place, construit des ponts et invite.
"Il en reste trois : la foi, l'espérance et la charité. Mais le plus grand d'entre eux est l'amour".
1 Corinthiens 13:3