Une menace pour l'épine dorsale caritative canadienne
Mars 2022
par Laura Lewis MD, CCFP
Chaque année au Canada, des biens et des services à but non lucratif sont échangés dans la devise de la bonne volonté et de la compassion. Cette économie de la gentillesse est l'épine dorsale caritative de notre nation. Les Canadiens sont fiers de souligner la façon dont nous nous impliquons tous, dont nous faisons notre part et dont nous soutenons les plus démunis en temps de crise.
Il est difficile de chiffrer les soins et le soutien pratique apportés aux personnes vulnérables de nos communautés. Au cœur de cette aide, on trouve généralement une organisation caritative - terme utilisé par l'Agence du revenu du Canada pour définir une organisation qui.. :
...utilise(nt) ses(leurs) ressources pour des activités caritatives et a(ont) des objectifs caritatifs qui entrent dans une ou plusieurs des catégories suivantes : Le soulagement de la pauvreté, l'avancement de l'éducation, l'avancement de la religion, ou d'autres objectifs qui profitent à la communauté.1
Ces derniers mois, un obstacle s'est dressé sur la route des organisations caritatives. Il porte sur la vision du monde d'une personne et menace de supprimer ou d'entraver les activités caritatives si une organisation n'est pas alignée sur l'idéologie dominante du moment. Cet obstacle idéologique peut se trouver sur le chemin des centres de soins de grossesse aujourd'hui. Pourtant, son existence constitue une menace pour les autres organismes de bienfaisance canadiens - une menace pour l'épine dorsale des organismes de bienfaisance sur laquelle comptent de nombreux Canadiens. Faisons une pause ici et jetons un second regard sur la façon dont les généralisations politiques peuvent menacer d'effacer des organismes de bienfaisance valables dans notre pays.
Une lettre de mandat publiée par le bureau du Premier ministre en décembre 2021 demande au vice-premier ministre et au ministre des Finances de modifier la loi de l'impôt sur le revenu de manière à ce que les "organisations anti-avortement qui fournissent des conseils malhonnêtes aux femmes enceintes sur leurs droits et leurs options" ne soient pas éligibles au statut d'organisme de bienfaisance.2
Assistance Grossesse Canada reconnaît que les conseils malhonnêtes ne sont pas acceptables. En tant qu'organisation nationale de bonnes pratiques, nous souscrivons aux objectifs communs d'intégrité et d'authenticité.
Le problème est que la lettre de mandat est vague et ne décrit pas le processus permettant de déterminer s'il s'agit d'un "conseil malhonnête". Elle ne fait pas la différence entre les organisations, telles que Assistance Grossesse Canada et nos affiliés de la PCC - qui fournissent des informations exactes sur les droits et les options des femmes à tous les stades de la grossesse - et d'autres organisations, qui ne le font pas.
Des garanties concernant le respect des règles par les organismes de bienfaisance sont déjà en place par l'intermédiaire de l'Agence du revenu du Canada, et la révocation du statut d'organisme de bienfaisance est réservée aux cas les plus graves de non-respect, qui peuvent inclure un non-respect intentionnel ou répété, étayé par des preuves factuelles.3 Avec ces garanties en place, nous nous demandons s'il existe un besoin légitime pour ce mandat.
J'ai eu le privilège de participer à la création de deux associations caritatives locales dans notre ville : une soupe populaire et un site un centre d'aide à la grossesse. Toutes deux ont été créées à partir d'une vision chrétienne du monde, avec pour objectifs d'aimer et de prendre soin de nos voisins, de servir les pauvres et d'apporter de l'espoir et du soutien à ceux qui peuvent se sentir accablés. Servir de la nourriture aux affamés est rarement contesté, mais fournir des informations et un soutien à une femme confrontée à une grossesse inattendue ou aux difficultés d'un avortement antérieur peut provoquer certaines réactions. Bien que les grossesses inattendues et les avortements soient courants, ils restent un sujet difficile pour beaucoup.
Une étude de 2012 estime qu'une Canadienne sur trois aura recours à l'avortement au cours de sa vie.4 En supposant que ce chiffre soit exact, il est juste de prévoir que de nombreuses femmes ont été affectées par l'avortement, de même que les partenaires, les conjoints, les amis et les membres de la famille concernés. Toutefois, les données n'indiquent pas combien de femmes se sont senties poussées à avorter ou ont estimé qu'elles n'avaient pas d'autre choix que l'avortement. Il existe un manque de soutien pour ces femmes.
Combien de femmes doivent être affectées par un avortement non désiré avant que leur voix ne soit entendue ? Quand les alternatives à l'avortement auront-elles l'autorisation sociale d'exister - pas pour toutes, mais pour certaines ; pas pour induire en erreur, mais pour offrir un choix ?
Aujourd'hui, le sujet de l'avortement peut diviser une salle, mais il existe un pont qui peut nous unir.
Pouvons-nous nous mettre d'accord sur le fait qu' aucune femme ne devrait être contrainte à un avortement non désiré ? Pouvons-nous reconnaître que pour que les femmes puissent prendre une décision éclairée sur leur grossesse et disposer d'un véritable choix, elles doivent disposer d'informations précises sur toutes les options qui s'offrent à elles en matière de grossesse et bénéficier d'un soutien pour les alternatives qui s'offrent à elles, y compris les alternatives à l'avortement ?
C'est ce que les centres de soins aux femmes enceintes offrent chaque jour aux Canadiennes : un soutien vital qui permet aux femmes de prendre des décisions éclairées concernant leur grossesse et de recevoir une aide pratique pour faire face aux défis quotidiens. Les centres de soins aux femmes enceintes sont la charité en action - une partie de notre épine dorsale caritative qui mérite d'être protégée.
Pour un bref résumé de Assistance Grossesse Canada, de nos centres affiliés et de l'impact caritatif de notre travail, consultez la section QUESTIONS FRÉQUEMMENT DEMANDÉES ET CLARIFICATIONS.
1Agencedu revenu du Canada, gouvernement du Canada. "Quelle est la différence entre un organisme de bienfaisance enregistré et un organisme sans but lucratif?" (consulté en octobre 2021).
2Bureau duPremier ministre du Canada. "Lettre de mandat de la vice-première ministre et du ministre des Finances, 16 décembre 2021.
3Agencedu revenu du Canada, gouvernement du Canada. "Le processus de vérification des organismes de bienfaisance". (consulté en mars 2022).
4NormanWV. Avortement provoqué au Canada 1974-2005 : tendances au cours de la première génération avec un accès légal. Contraception 2012 ; 85:185-91
